La naturopathie : amie ou ennemie ?

Image extraite de l'émission «Enquête de santé» à voir ce mardi sur France 5 © France 5/17 Juin Média

Quel crédit accorder à cette «pratique de la médecine», selon l’OMS ? Le risque d’être confronté à des charlatans existe-t-il ? Ce mardi à 21h05 dans «Enquête de santé», France 5 apporte des réponses.

Peut-on faire confiance à la naturopathie ? Pourquoi ne serait-ce pas le cas ? Le magazine «Enquête de santé» pose la question mardi sur France 5. Avant tout, la naturopathie, qu’est-ce que c’est ?

Naturo quoi ?

Depuis 2001, l’Organisation mondiale de la santé reconnaît la naturopathie comme «une pratique de la médecine traditionnelle et complémentaire», au même titre que la médecine chinoise. Elle n’a toutefois rien de nouveau.

Comme le rappelle le portail passeportsanté.net, la naturopathie est l’héritière de la médecine d’Hippocrate dans l’antiquité grecque (vers 400 av. J. ?- ? C.) mais aussi de la médecine traditionnelle de l’Inde et de celle de Chine. Elle se pratique en Occident «jusqu’au début du XXe siècle et l’apparition des médicaments chimiques».

Pour l’Union des Naturopathes de Belgique (UNB), «la nathuropathie, la médecine traditionnelle européenne, est une approche globale et systémique de la santé dans le respect des lois de la vie saine et de l’environnement. À la fois philosophie, science et art de vivre sainement».

Que promet la naturopathie ? De se soigner de manière naturelle et sans médicaments. Comment ? En prenant la personne dans sa globalité, de manière holistique. Elle cherche à agir sur la ou les causes du trouble et non pas sur le symptôme. Vivre sainement et maintenir un mental positif font aussi partie de ses principes les plus importants.

Le long chemin

Concrètement, pour tenir sa promesse, la naturopathie recourt à plusieurs techniques. Les trois principales : l’exercice physique, la gestion du stress et des émotions (par le recours à l’hypnose ou la sophrologie notamment) et la nutrition. Au menu : jeûne, huiles essentielles, massages, plantes, vitamines…

Considérée comme «médecine traditionnelle» par l’UNESCO, la naturopathie est reconnue dans plusieurs pays du continent américain (Brésil, Chili, Canada, plusieurs états des USA). En Europe, l’Allemagne, le Portugal et la Suisse l’encadrent de manière précise.

En Belgique ? La naturopathie est légale mais aucune loi n’encadre la profession de naturopathe. En 2013, l’UNB introduit une demande de reconnaissance comme «organisation professionnelle de praticiens d’une pratique non conventionnelle ou susceptible d’être qualifiée de non conventionnelle». L’Union professionnelle souhaite ainsi être enregistrée comme le sont l’acupuncture, la chiropraxie, l’homéopathie et l’ostéopathie. C’est le début d’un long processus. Refus ministériels de l’agrément et annulations de ce refus par le Conseil d’État se succèdent depuis lors. Le dernier recours est toujours pendant actuellement.

Charlatans s’abstenir

Revenons-en à la question posée dans l’émission de Marina Carrère d’Encausse : «Peut-on faire confiance à la naturopathie ?» Ce métier peut-il faire l’objet de dérives ? Les clients peuvent-ils tomber dans les pièges de charlatans ? Pas impossible…

«Enquête de santé» a recueilli le témoignage de Camila. Lorsqu’on diagnostique à son époux, Bernard, un cancer d’un testicule, le couple décide de faire appel à un naturopathe. Celui-ci se présente comme un «docteur en médecine moléculaire». Spécialiste des maladies cellulaires, il se serait occupé de plusieurs centaines de patients. Il promet à Bernard de le guérir.

Cycles de la Lune

L’enquête menée par la radio française France Info détaille la façon de faire du prétendu «naturopathe». D’abord détourner le patient de tout ce que les médecins lui auraient prescrit jusque-là. Ensuite, établir un plan de santé. Celui-ci se compose de «diètes de jus de légumes et de fruits, de jeûnes, de purges en fonction des cycles de la Lune, d’exercices de respiration (…)».

Camila raconte : «Le discours, c’est d’invalider ce que ressent la victime. À chaque nouveau symptôme, à chaque douleur, à chaque souffrance supplémentaire, il dit : «C’est normal ! C’est ton corps qui se nettoie ! C’est ton corps qui essaie de trouver des moyens de te guérir», etc.»

Bernard est décédé en décembre 2018 à 41 ans. Poursuivi en justice par les familles de deux patients, le pseudo-naturopathe a été condamné à deux ans de prison avec sursis pour «usurpation du titre de médecin» et «exercice illégal de la médecine». Il est toujours actif, notamment sur Internet…

Naturopathie ou homéopathie ?

Dans la première pratique, les huiles essentielles, plantes et vitamines contiennent une concentration de molécules chimiques très élevée, ce qui n’est pas le cas des produits homéopathiques. 

Cet article est paru dans le Télépro du 11/4/2024

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